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J'en profite également pour vous informer que de nouvelles chansons sortiront tous les vendredis. Nous constituons dans un premier temps le catalogue du label de Verckys Kiamuangana Mateta, Éditions Vévé.
Une des plus anciennes chansons connues abordant principalement le thème de la « décolonisation ». Adou Elenga a été emprisonné par les autorités coloniales belges plus tard après la publication de ce titre.
Détails artistiques
Artistes : Adou Elenga, ndeko na ye Mousaidi Louis na Groupe Rythmique Ngoma
Après la publication, en 1955, du Plan de 30 ans pour l’émancipation de l’Afrique belge, du professeur Joseph Van Bilsen, les esprits s’échauffent au Congo. Les intellectuels réagissent par la publication du Manifeste de « Conscience africaine » du 30 juin 1956.
Pour le groupe d’intellectuels regroupés autour de l’Abbé Joseph Malula le futur cardinal Malula, archevêque de Kinshasa, il ne saurait être question d’un plan d’émancipation des populations congolaises si celles-ci ne sont pas elles-mêmes associées à la marche vers leur auto-détermination.
Dans un contre-Manifeste dont le texte est publié dans les colonnes du journal « L’Avenir », au courant du mois d’août 1956, l’ABAKO – l’Alliance des Bakongo – estime qu’il faut appeler les choses par leurs noms, et qu’il ne s’agit pas d’émancipation, mais bel et bien « d’indépendance du Congo ». Et puisqu’il s’agit d’accorder l’indépendance aux populations congolaises, qu’on nous l’accorde maintenant et aujourd’hui même.
A partir de la publication de ces trois textes, les choses se précipitent. Les premières élections communales ont lieu en 1957. D’abord dans trois villes : Kinshasa, Lubumbashi et Likasi, puis dans d’autres grandes villes de l’époque. Elles permettent aux Congolais élus bourgmestres de certaines communes de faire leurs premières armes en politique.
Mais l’expérience de la gestion communale, au lieu de calmer les revendications politiques, ne fait qu’envenimer les tensions. Les Congolais veulent une participation plus grande à la gestion des affaires publiques. Et c’est dans ce climat de tensions politiques aggravées que le chanteur Adou Elenga lance sa chanson restée célèbre : « Ata ndele, mokili ekobaluka ». C’est un énorme succès. Les milieux politiques en font leur refrain quotidien.
Tout à coup, un dicton populaire devient, par la force des choses, un slogan politique. « Ata ndele, mokoli ekobaluka ». Tôt ou tard, le changement adviendra. Plus tôt que très tard, ajoutent les plus audacieux. Pourtant, avant Adou Elenga et depuis 1943, d’autres chanteurs avaient popularisé d’autres dictons comme « Mokili ngonga », « Mokili ma kalamba », « Mokili mayi ya bwato », « Mokili mbanga ya ntaba ».
Ces dictons qui signifient tantôt « la terre tourne », tantôt « le monde est un perpétuel changement », tantôt « le monde est une pirogue ballotée par le vent », tantôt « la terre bouge constamment », veulent dire une seule et même chose : le changement.
Mais jamais auparavant, les auteurs de ces chansons n’avaient été inquiétés sous l’accusation de subversion politique. Le malheur d’Adou Elenga est que sa chanson était sortie à un moment de fortes tensions politiques. Et c’est pourquoi, elle fut interdite d’exécution publique et Adou Elenga fut mis aux arrêts.
Mais son jugement n’aura pas lieu. La firme Ngoma où Adou Elenga enregistre ses chansons, engage un avocat pour défendre sa cause. La firme a d’ailleurs intérêt à le faire. L’interdiction de diffusion publique qui frappe la chanson d’Adou Elenga veut dire aussi interdiction de vente de la chanson et, donc, manque à gagner.
Après trente jours d’internement à Makala, Adou Elenga retrouve sa liberté. Mais la police, en l’arrêtant, en a fait tout un « héros ». Comme quoi, on peut faire la politique sans le savoir. En tout cas, l’avocat d’Adou Elenga n’avait éprouvé aucune difficulté pour démontrer que la police s’était mise à chercher des poux sur la tête d’un chauve.
Dans la marche vers l’indépendance, des leaders politiques ont connu la prison. C’est le cas, notamment, des leaders de l’ABAKO (Joseph Kasa-Vubu, Edmond Nzeza-Landu, Raymond Bikebi, Daniel Kanza), arrêtés après les événements du 4 janvier 1959.
C’est encore le cas d’Albert Kalonji et Evariste Mulumba – leaders du Mouvement solidaire muluba, arrêtés après les événements de Kananga de 1959. C’est aussi le cas de Patrice Lumumba – président du Mouvement national congolais – arrêté après les événements de Kisangani de 1959.
Pour ces trois cas précités, les choses sont compréhensibles. Tous ces leaders faisaient la politique et étaient étroitement surveillés par les services secrets. Adou Elenga n’était leader d’aucun parti politique. Pourtant, il a connu la prison en 1957, pour avoir chanté une chanson jugée « subversive ».
« Ata ndele, mokili ekobaluka ». La table ronde politique de Bruxelles des mois de janvier-février 1960, les élections législatives du mois de mai 1960, et la proclamation de l’indépendance du Congo, le 30 juin 1960, bref tous ces événements et d’autres encore ont finalement donné raison à Adou Elenga. Aucun pays colonisé n’est resté perpétuellement sous la domination du pays colonisateur.
Quelle que soit la puissance des puissants, il y a un plus puissant au-dessus d’eux. Et il y a un temps pour toute chose : un temps pour coloniser un autre pays, et un temps pour lui accorder son indépendance. De gré ou de force. « Ata ndele, mokili ekobaluka » !
Bakumba - une chanson funèbre du groupe Zaïko Langa Langa, après la mort d'Arthur Bakumba à l'Athénée de Kalina. Ce dernier était un ami d'Evoloko Jocker, compositeur du titre.